Saturday, December 8, 2012

Les USA prêts à ouvrir leurs frontières aux start-ups étrangères

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Voilà une idée qui devrait plaire aux entrepreneurs français qui rêvent de s’installer dans la Silicon Valley. Aux-Etats-Unis, un projet de loi visant à simplifier l’obtention du visa de travail pour les créateurs d’entreprise étrangers revient sur le devant de la scène, après plusieurs mois de paralysie électorale au Congrès américain. Porté par une commission constituée d’élus républicains et démocrates, le dispositif du "Start Up Act 2.0", déposé en 2011, vise à attirer davantage d’entrepreneurs étrangers sur le sol américain.

Aux Etats-Unis, c’est une étude publiée en octobre par la très influente Kauffman Fondation qui a mis le feu au poudre en révélant que sur ces vingt dernières années, l’Amérique attirait de moins en moins d’entrepreneurs étrangers, et notamment la Silicon Valley. Entre 1995 et 2005, 52% des créateurs d’entreprises installés sur la terre promise des entrepreneurs de l’internet étaient étrangers. Mais entre 2006 et 2012, leur part est tombée à 44%, selon l’étude.

Critères favorables aux Start-ups

Le projet de loi prévoit de d'accorder un visa de travail à tout créateur d’entreprise dès lors qu'il peut attester d’une levée de fonds d’au moins 100.000 dollars – un seuil facilement atteignable pour les start-upers - et la condition qu'il s'engage à embaucher deux citoyens américains dans l’année suivant son installation. D’une durée de quatre ans, le "Visa Start Up" pourra ensuite s’échanger contre la très convoitée "Green card" - à la condition d’employer cinq salariés à plein temps au cours des trois dernières années du visa.

A Washington, les lobbys influents de l’internet militent ardemment pour la mise en place de ce visa. Parmi eux, Google, Microsoft, eBay, Hewlett-Packard, Oracle, Intel ou encore Facebook qui assurent être confrontées à de réelles difficultés pour faire venir des ingénieurs étrangers aux Etats-Unis.

"Ces gens vont créer des milliards de dollars en investissant dans l’économie, en nous donnant l’occasion d’être les meilleurs du monde dans chaque industrie", a récemment fait valoir Eric Schmidt, le patron de Google.

Un parcours de longue haleine et onéreux

Pour l’instant, tout Français candidat à l’expatriation aux Etats-Unis doit se frayer un chemin parmi la forêt de visa existants. "H1B" pour les employés, "G1" pour les personnels administratifs, "L1" pour les cadres dirigeants ou Visa "O1" pour le candidat pouvant attester d’"aptitudes extraordinaires"… Le parcours du combattant est d’autant plus rude pour un jeune créateur qu’il doit patienter entre 4 à 9 mois s’il ne peut s’offrir la formule "Premium", celle qui permet d’accélérer la procédure auprès des Services de l’Immigration.

"Notre demande de visa L1A vient d'échouer car nous n’avons pas pu prouver un chiffre d’affaires important et la perspective d’embaucher", raconte ainsi à Challenges Guillaume Martin, le co-fondateur de Pictarine, une application de partage de photographies mobiles. "Avec le Start Up Act, nous serions proches du seuil demandé (75.000 dollars), et surtout, nous ne serions pas obligés de produire 200 pages de dossier chacun…", détaille-t-il. Mais pourquoi veut-il "émigrer" outre-Atlantique ? "En France, notre société n’a pas décollé car nous n’avons jamais trouvé d’investisseurs. Aux Etats-Unis, beaucoup plus de gens croient en vous".

Le coût du créateur

D’autres n’auront pas à attendre le Start Up Act ou à repayer des honoraires d’avocats pour faire accepter le dossier. Après six mois de démarches et près de 10.000 euros de frais, Clément Cazalot a vu sa demande de L1A aboutir enfin. Mais il reconnaît que cela n'a pas été de tout repos. "Demander un Visa américain, c’est la plus grande des galères, un stress permanent. Pour les start-up qui n’ont pas d’argent c’est quasiment impossible", explique le start-uper fondateur de Doctrackr. (voir les 100 Start Ups de Challenges). Il reste aussi conscient que le rêve américain n'est pas à la portée de tout un chacun : "Même avec le Start-Up Act, il restera limité à un petit nombre à cause des frais de dossier".

VIDEO : Le Start Up Act 2.0 soutenu par le Sénateur Républicain Jerry Moran

Pour voir le projet aboutir, les défenseurs du projet comptent, eux, s'appuyer sur la promesse de Barack Obama . "Donnez-moi une loi qui donne la chance (aux entrepreneurs) d’obtenir la nationalité américaine. Je la signerais immédiatement", avait assuré le président américain lors de sa dernière campagne.