Sunday, December 9, 2012

La pauvreté progresse en France, mais moins vite qu’ailleurs

Depuis deux ans, le taux de pauvreté augmente en France. Principale raison : l’envolée du chômage. Mais il en est une autre, moins connue, explique Bruno Tardieu, délégué national d’ATD Quart Monde : "Le non-recours des personnes qui y ont droit aux minima sociaux." Le chiffre atteint 33% pour le RSA de base et même 68% pour le RSA Activité, qui complète un travail peu rémunéré.

Selon lui, ce phénomène s’explique en partie par "la stigmatisation des pauvres partout en Europe". Les 10 et 11 décembre, ce sujet sera au cœur de la conférence gouvernementale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, au Palais d’Iéna, à Paris. Le travail de concertation – qui associe pas moins de onze ministres – débouchera sur un plan quinquennal en 2013. La situation est urgente. Mais, comparée à l’Allemagne ou à l’Espagne, la France s’en sort plutôt bien.

Leçon n°?1: Egalité
"Quand elles sont ambitieuses et durables, les politiques publiques ont un réel impact sur la pauvreté", estime Bruno Tardieu. En France, la loi d’orientation contre les exclusions en 1998 a ainsi permis de fixer un cadre général, puis de créer la CMU et la CMU complémentaire. Le taux de pauvreté s’est réduit jusqu’en 2008.

Leçon n°?2: Flexibilité
Une plus grande souplesse du marché du travail peut aussi accroître la pauvreté. Les lois Hartz (2003-2005), qui ont relancé l’économie allemande, ont aussi fait progresser le nombre de travailleurs pauvres: de 4% en 2000 à 6,8% en 2009, selon la Cour des comptes. Leur part a baissé en France, passant de 7% en 2000 à 6,7% en 2009. Depuis, les deux taux ont crû à 7,4% en 2011, selon Eurostat.

Leçon n°?3: Précarité
Les crises de 2008 et 2010 ont appauvri les populations. En Espagne, les habitants font face à une hausse du taux de chômage (à plus de 25%) et à des problèmes de logement, avec de fortes expulsions dues à l’explosion de la bulle immobilière.