Saturday, December 8, 2012

Florange : quand Ayrault voulait encore « se battre » pour Ulcos

Jean-Marc Ayrault, à l’Assemblée nationale, le 5 décembre 2012 (WITT/SIPA)

Pour le premier ministre Jean-Marc Ayrault, le projet Ulcos devait être l’avenir du site de Florange. Mais ce jeudi matin, la Commission européenne a annoncé avoir été informée du retrait du projet par le groupe ArcelorMittal « à cause de difficultés techniques ».

Ce projet répondait à un appel d’offres de Bruxelles, qui doit attribuer un certain nombre de subventions à des programmes de recherche permettant le captage et le stockage du CO2. Il prévoyait de « réduire d’au moins 50% les émissions de gaz carbonique lors de la fabrication d’acier, de devenir le pilote industriel de la sidérurgie de demain », expliquait l’économiste Jean-Louis Levet à Rue89.

Ulcos est présenté depuis le mois de juin 2012 comme la meilleure solution pour Florange par le gouvernement. Jean-Marc Ayrault déclarait alors :

« C’est un projet d’avenir, c’est un bon projet industriel qu’il faut continuer à défendre. En tout cas, nous voulons nous battre. Rien ne sera obtenu sans effort. »

Jusqu’au mercredi 5 novembre, la veille du retrait d’ArcelorMittal, le Premier ministre faisait mine de s’agacer lorsque David Pujadas, au « 20 Heures » de France 2, lui faisait observer que le projet Ulcos avait peu de chances de voir le jour.

Pourtant, dans l’accord même signé entre ArcelorMittal et le gouvernement, publié par Le Monde, il est mentionné que si Ulcos « reste un projet important pour développer de nouvelles solutions mieux adaptées aux enjeux du changement climatique », il est aussi clairement écrit que « l’état actuel des résultats de la recherche ne permet pas de passer directement sur le démonstrateur industriel de Florange ». Autrement dit, souligne Le Monde, « le projet n’est pas près de voir le jour ».

Alors pourquoi Jean-Marc Ayrault s’est-il obstiné à présenter ce projet comme fiable ? Et s’obstine-t-il toujours à le faire ? Matignon laisse encore entendre que l’abandon d’ArcelorMittal n’en est pas un :

« Si Ulcos 1 est abandonné, Ulcos 2 est toujours à l’ordre du jour selon le cabinet du Premier ministre. Ulcos 2 est une nouvelle version du projet, présentée comme “plus aboutie” et pourrait éventuellement bénéficier de l’aide financière de l’Europe. »

De leur côté, les syndicats accusent le gouvernement de s’être laissé « enfumer » par ArcelorMittal. L’abandon d’Ulcos 1 signe, selon eux, leur arrêt de mort :

« Merci à Ayrault, c’est la signature de la trahison. »

A la lecture de cet article, Matignon a tenu à nous préciser les points suivants :

« Lorsque Jean-Marc Ayrault dit qu’il veut se battre, c’est vrai. Il n’est pas du tout en contradiction avec ses engagements. »

« On savait très bien que Ulcos 1 n’allait pas aboutir, ce n’était pas fiable sur le plan technologique. On a donc obtenu de Mittal, et ça n’a pas été facile, de faire figurer dans l’accord un deuxième projet : réaliser un démonstrateur industriel à Florange. Le projet sera présenté en 2013, peut-être en mars. »

« Mercredi soir, tout le monde savait, même les syndicats puisque le Premier ministre leur a annoncé. »

Les réactions ne se sont pas faites attendre, notamment à gauche. Ainsi, ce « tweet » de l’eurodéputée Europe écologie - Les Verts Sandrine Bélier, élue du Grand Est, pour qui, « si avec ça Aurault et Hollande n’agissent pas, c’est qu’ils acceptent d’être complices ». Et elle ajoute, en direction de Lakshi Mittal :

« Mittal est un financier-voyou qui ne tient pas ses engagements et qu’Ulcos en est une nouvelle illustration ! »

Même indignation du côté de Corinne Lepage :

« Mittal abandonne Ulcos un enjeu d’avenir indispensable pour la France. bras d honneur, manipulation et choix contraire à l’intérêt général. »

Quant à Jean-Luc Mélenchon, le président du Parti de Gauche, il en profite pour réclamer la nationalisation du site de Florange.