Friday, December 14, 2012

Sit-in vendredi du Mcaf devant le Sénat français pour dénoncer Gérard Longuet

Le Mouvement citoyen algérien en France nous a envoyé le communiqué suivant.

Le sénateur de droite Gérard Longuet a eu un geste indigne comme réponse à la question de la reconnaissance du passé colonial. Le sénateur de droite Gérard Longuet a eu un geste indigne comme réponse à la question de la reconnaissance du passé colonial.

Le silence assourdissant et complice des autorités algériennes nous intrigue, nous ne pouvons laisser passer une insulte aussi grave à l'adresse de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous vivions dans la dignité. Défendre aujourd'hui la mémoire de ces martyrs est un devoir. Nous ne pouvons laisser passer le geste indigne du sénateur de droite Gérard Longuet. Il y va de notre responsabilité de ne pas fermer les yeux devant un tel comportement de la part d'un élu français. C'est pour cela que nous appelons tous les citoyens à un rassemblement vendredi à 15 heures devant le Sénat français. Il faut que cesse le déni et le mépris.

L’utilisation de la révolution algérienne, de la guerre d’Algérie comme fonds de commerce dans les deux rives du Méditerraneé doit cesser, c’est honteux et indigne de sortir cette grave question et s’en servir juste avant chaque élection.

50 ans après, la page doit être tournée, mais sans la déchirer. Loin de tout esprit de haine, les faits doivent être reconnus pour permettre aux deux peuples de regarder vers l’avenir sereinement dans un climat de confiance.

La guerre d’Algérie c'était synonyme de tortures, exactions, viols, spoliation… Un passé douloureux. Le meilleur moyen d’oublier, c’est d’en parler lucidement et d’accepter de regarder son histoire en face.     

Pour notre part, le meilleur moyen de rendre hommage à nos martyrs, c’est de travailler à bâtir un pays démocratique et moderne comme le stipule le congrès de la Soummam. Toujours dans cet esprit de Novembre et de la Soummam, nous estimons qu'il est aussi temps de réconcilier les Algériens au lieu de les diviser !

Heureux les martyrs qui n’ont rien vu.

Tous ensemble vendredi 30 novembre à 15 heures devant le Sénat

Soyez nombreux pour défendre l'honneur et la mémoire de nos martyrs

Mouvement citoyen des Algériens en France

Le coordinateur

 

 

Ould Kablia promet d’en finir avec les marchés informels avant le ramadan

Le ministre de l'Intérieur va vite en besogne. Il annonce que déjà quelque 8000 commerçants informels seront intégrés dans le secteur formel avant la fin de l’année 2012.

Bientôt finis les marchés informels promet Ould Kablia. Bientôt finis les marchés informels promet Ould Kablia. Les ministres du gouvernement Sellal excellent dans la promesse. A chacun la sienne. A les entendre ils vont faire ce que tous les gouvernements réunis depuis l'indépendance n'ont pu réaliser. Souvenons-nous, en septembre, Amara Benyounes avait affirmé que les Algériens seront étonnés des changements qu'il va y avoir avant la fin de l'année. On attend toujours. Maintenant c'est le ministre de l’intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia qui a affirmé mercredi que l’organisation des marchés informels sera "achevée" avant le ramadhan prochain.

"Concernant l’organisation des marchés informels, il est prévu qu’elle soit réglée avant le mois de ramadan prochain avec la réhabilitation et l’intégration avant la fin de l’année de quelque 8000 commerçants", a déjà pronostiqué M. Ould Kablia. Sans coup férir, il a ajouté que "28000 commerçants", pas un de plus ni de moins (sur quelle base il avance ce chiffre ? mystère) "seront également intégrés en 2013". Détail intéressant du premier chef de la police nationale : "le nombre de commerçants qui activaient dans l’informel s’élevait à 65000 commerçants". C'est dire que le premier flic a la maîtrise des chiffres et connaît le milieu de l'informel. Voilà qui nous rassure. 

Des marchés mobiles

L'idée du ministre pour annihiler l'informel qui gangrène le pays et nourrit la terrible économie souterraine ? La réalisation de marchés en constructions "mobiles et légères" et de "nouveaux locaux" ainsi que l’utilisation "des locaux relevant de l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) et de l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL), situés au rez-de-chaussée des bâtiments". Des constructions à tout-va donc ! Le ministre ne dit pas où et comment construire 65000 commerces en quelques mois. Ould Kablia a confié que plusieurs marchés informels ont été éliminés avec consentement de ces commerçants, qui ont compris, a-t-il encore précisé, que "c’est dans leur intérêt d’exercer leur activité dans un cadre légal". Voilà le dossier de l'informel définitivement plié. Nous n'avons qu'à patienter encore jusqu'au ramadan. A moins que d'ici là on ait déjà oublié les projections du ministre qui sera passé à autre chose. 

Les parkings anarchiques

Voilà un sujet qui fâche les automobilistes, voire même les riverains de ces parkings privatisés. Le ministre observe que "la situation diffère d’une commune à l’autre et d’une ville à l’autre". Ce qui suppose du cas par cas, un traitement chirugical du département de l'Intérieur. Une étude est en cours concernant ce dossier. Il était temps, depuis toutes ces années que les automobilistes algériens de font tondre en toute illégalité sans qu'aucune autorité ait bougé le petit doigt !!! Perspicace, le ministre de l'Intérieur ajoute cette évidence : le règlement de ce problème nécessite, "une coordination entre les APC et les forces de l’ordre qui connaissent mieux les endroits qui nécessitent un tel ou tel dispositif de sécurité". 

Ould Kablia veut légaliser ces gardiens qui syphonnent les poches des chauffeurs algériens. Avec l'espoir de récupérer quelques subsides aux impôts. Ils auront des autorisations pour qu’ils accomplissent leur activité qui répondra à "un cahier de charge définissant les prix, les horaires et la responsabilité de ces personnes quant au vol et au détérioration des véhicules". Ces gardiens seront par ailleurs dotés d’une tenue spéciale et d’un badge, a encore précisé le ministre. Pour quand la réalisation de cette promesse ? Pas de réponse pour le moment.

Yacine K.

Pourquoi les Mittal n'ont pas peur des Français

Sur le même sujet» Florange : un repreneur serait prêt à investir 400 millions» Florange : la nationalisation du site est une option pour Hollande» Mittal : Boris Johnson se moque de la révolte de Montebourg 

"Ce serait génial d’avoir une image positive en France." Aditya Mittal nous reçoit à Londres dans son bureau du septième étage plongeant sur Berkeley Square. Oui, génial, "mais pas au prix de prendre les mauvaises décisions", poursuit le numéro deux d’Arcelor Mittal, au sourire ultrabright. Le message est clair.

Les Mittal, actionnaires à 41?% du groupe né de la fusion en 2006 de Mittal Steel et d’Arcelor, ne comptent pas se laisser intimider. Jamais rien ni personne n’a empêché Lakshmi, le père, et son fils, Aditya, de mener leurs opérations comme ils l’entendaient. Le ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg, peut bien les menacer d’une nationalisation, d’un contrôle fiscal "astronomique" : les Mittal ne rallumeront pas les hauts-fourneaux de Florange. L’"ogre financier" (dixit Montebourg) Lakshmi Mittal avait expliqué aux Français en 2006 qu’ils ne devaient "pas avoir peur de lui". Aujourd’hui, il prouve, en tout cas, qu’il n’a pas peur des Français.

Esprit de caste

Il est vrai que Mittal pointe au deuxième rang des fortunes britanniques, avec 16 milliards de dollars en poche. Les murs de son bureau, qui jouxte celui d’Aditya, sont tapissés de fort jolis tableaux. Ici, deux Fernand Léger. "C’est ma femme qui fait la décoration", se dédouane-t-il. Et le Picasso du palais familial de Kensington Gardens?? C’est elle aussi. Il y a également dans la collection des aquarelles de… Vanisha Mittal, sa fille, qu’il maria en 2004 entre Versailles et Vaux-le-Vicomte.

Fête mémorable, à 55 millions de dollars. "C’est une allégorie de la croissance de notre business?!" s’émerveille le patriarche en montrant les scènes traditionnelles de marché croquées par sa fille chérie. Voilà qui résume bien l’état d’esprit des Marwaris. Alain -Davezac, à Arcelor au temps de l’OPA et parti chez les Ruia, d’autres Marwaris, décrit ainsi cette sous-caste indienne de petits marchands émigrés du Rajasthan pour faire des affaires : "Toujours en famille et pour seul horizon, l’argent."

Assurance à toute épreuve

Résultat, chez ArcelorMittal, les Mittal sont partout. Lakshmi est président et directeur général, malgré sa promesse de ne pas cumuler les deux fonctions. Usha n’a plus de poste officiel, mais elle seconda longtemps son mari et fut administratrice jusqu’en 2004. Un ancien se souvient des conventions des cadres : "Elle s’asseyait à côté de Lakshmi et lui glissait à l’oreille son sentiment sur chacun de nous." Le fils, Aditya, 36 ans, est directeur financier et tient les rênes de l’Europe, en perte. Sa sœur -Vanisha, 32 ans, siège au board et assure la direction de la stratégie d’Aperam, spin-off d’ArcelorMittal, dont Lakshmi a gardé 41%.

Un esprit de caste qui donne une assurance à toute épreuve. Un partenaire le résume ainsi : "Ils pensent qu’ils ont la baraka et que rien ne pourra jamais leur arriver." C’est à partir de 1989 que Lakshmi, alors âgé de 39 ans, révèle sa vraie nature de joueur invétéré. Il tient alors depuis dix-huit ans Ispat, une petite usine d’acier montée en Indonésie avec son père, Mohan. Il en sort 300.000 tonnes par an (100 millions aujourd’hui). Le gouvernement de Trinité-et-Tobago lui propose alors de reprendre l’un de ses fournisseurs de fer, en perdition malgré les 400 millions de dollars d’investissement. Lakshmi fonce.

"Le Kazakhstan est devenu notre vache à lait"

En 1992, rebelote au Mexique. L’Etat privatise une unité où il a investi 2,2 milliards en pure perte. Même pas peur : Lakshmi signe encore. En 1994, le Canada, puis l’Allemagne. L’Europe de l’Est, sortie du giron soviétique, lui tend à son tour les bras. Lakshmi plonge : Roumanie, Ukraine… Sa plus grande difficulté?? Les syndicats. Déjà. "Dans une entreprise publique, chaque syndicaliste croit qu’elle lui appartient. Il faut changer leur état d’esprit. Et ce n’est pas simple."

Mais c’est au Kazakhstan que l’opération est la plus délirante. "Un moment vraiment fascinant dans ma vie", dit tranquillement Lakshmi. "C’était une décision folle et courageuse, mais qui s’est avérée très judicieuse." Il envoie un fidèle, Malay Mukherjee, s’installer à Temirtau, où l’autrichien Voestalpine et l’américain US Steel se sont déjà cassé les dents. Un ancien de l’acier en convient : "Personne ne voulait y aller, beaucoup trop risqué et mafieux, mais Lakshmi est gonflé."

Du jour au lendemain, il se retrouve à la tête d’une armée de 80.000 ouvriers kazakhs… et de toute la ville : 250.000 habitants et leurs infrastructures?! Son homme de main, Malay Mukherjee, est fier du résultat : "En trois ans, on est monté à 3,5 millions de tonnes, le Kazakhstan est devenu notre vache à lait."

Un groupe au bord du gouffre en 2000

Entre-temps, Aditya est entré dans la danse. Son père l’a appelé aux affaires un an tout juste après son diplôme. Le fiston en rigole : "Il me voyait tous les matins quitter la maison pour aller travailler ailleurs, au Credit Suisse. Cela devait le frustrer." Explication du père : "Je l’aimais tellement?!" Aditya, lui, se souvient : "Il savait que je voulais absolument travailler pour une société cotée. Lui n’en était pas totalement convaincu. Mais il m’a proposé de venir pour mener l’introduction en Bourse. Je ne pouvais pas dire non."

C’était en 1997, Aditya avait 21 ans. Ce faisant, il obtient de son père la première dérogation aux règles des affaires marwaries : il ouvre le capital d’Ispat. Pas fous, les Mittal en gardent 88?% et quelques actifs, dont le Kazakhstan, en or massif, dans un véhicule privé, LNM. Une proche de la famille précise : "De toute façon, aucun investisseur n’aurait parié sur Ispat avec le Kazakhstan."

C’est pourtant ce pari fou qui va sauver les Mittal de la banqueroute. En 2000, la crise pointe et le cycle de l’acier s’inverse. Aditya se rappelle : "44% de l’acier américain était en faillite. Et nous étions au bord du gouffre." Lui qui projetait de couler des jours tranquilles avec sa jeune épouse à Boston, pour y obtenir la consécration, un MBA à Harvard, n’hésite pas. "Je ne pouvais pas quitter l’entreprise dans une telle situation.

"Ils ont des couilles en bronze?!"

L’action est à 1 dollar, contre 27 en 1997. Philippe Capron, alors directeur financier d’Usinor, se souvient d’Aditya, ce gamin tentait de lui vendre 50?% d’une entité obsolète à Chicago, Inland Steel, achetée en 1998 deux fois trop cher. "Il n’a jamais montré son désarroi, alors qu’ils frôlaient la catastrophe. » Et de conclure : "Ils ont des couilles en bronze?!"

Car les Mittal n’ont peur de rien. « Surtout pas de jouer avec l’argent des banques », ajoute Philippe -Capron. Pour éviter la débâcle, Lakshmi et Aditya fusionnent Ispat avec LNM, le Kazakhstan et son milliard de dollars de cash. Mittal Steel est né. Et, la conjoncture aidant, les voici prêts pour un nouveau coup de poker. Cette fois, c’est Aditya qui part en chasse.

Sa proie : Arcelor. Le géant fabrique ce dont Mittal rêve : des aciers à haute valeur ajoutée dans les pays développés. Et fin 2005, les deux sociétés se battent pour une affaire ukrainienne, Krivoï-Rog. Mittal l’a emportée, mais, aux dires d’un proche des négociations, "il a payé 1 milliard de plus à cause des surenchères d’Arcelor". Un Mittal ne se fait pas extorquer. Aditya invite donc Guy Dollé, patron d’Arcelor, et Alain Davezac, son contact au sein du groupe européen, dans le palace paternel pour tâter le terrain. Le Français demande à réfléchir et quitte les Mittal dans la bonne humeur.

Une confiance aveugle

Deux semaines plus tard, le 25 janvier 2006, Arcelor rafle le canadien Dofasco au nez des Mittal. Lakshmi félicite Dollé au téléphone. Beau joueur?? Vingt-quatre heures après, il le rappelle : "Nous lançons une OPA hostile sur Arcelor demain." Totale surprise. Thierry Breton, alors ministre de l’Économie, s’en étrangle encore : "Ils n’avaient aucun plan stratégique?!" Les Mittal mettront six semaines à pondre leur projet industriel, mais seulement "quelques heures, en tête à tête, pour augmenter leur offre de 40%, se rappelle leur banquier de l’époque, Yoël Zaoui, et débourser 30 milliards de dollars pour Arcelor.

Ce faisant, les Mittal perdent une large part du contrôle sur la société issue de la fusion, passant à 45?% du capital. Une nouvelle entorse aux lois marwaries… Mais Lakshmi est prêt à tout pour son fils. Il l’admet bien volontiers : "J’ai toujours eu beaucoup de banquiers et d’avocats pour me conseiller, mais je n’aime pas trop les écouter. Chacun a ses propres intérêts, ses priorités. Alors qu’Aditya, je lui fais entièrement confiance."

Une confiance méritée. Deux ans après la fusion, en 2008, l’action ArcelorMittal vaut 100 dollars. Et la perte de contrôle est toute relative. "Les Mittal sont revenus sur toutes leurs promesses", déplore Thierry Breton. Malgré des gages visibles de transparence et de bonne gouvernance, Lakshmi et Aditya ont les pleins pouvoirs. D’anciens membres de la direction parlent d’un « conseil d’administration qui n’est là que pour applaudir le tandem Mittal ». D’autres évoquent le comité exécutif composé de « carpettes » dans « un régime de vassalité ». Des jaloux?? Sans doute. Mais l’influence grandissante d’Aditya auprès de son père transparaît. Lakshmi l’avoue : « Je ne peux pas m’entourer que de béni-oui-oui. Aditya est très indépendant et me défie. »

Car Aditya veut à son tour conquérir le monde. Lakshmi le charge des fusions et acquisitions. Il ne se fait pas prier. Mais n’a pas le flair paternel. Il investit dans des tas d’installations crapoteuses. Des mines, notamment, au Liberia ou au Canada. Les experts l’assurent : ils mettront dix ans à en tirer le premier centime. Mais rien n’arrête Aditya. En 2007, il mène 35 acquisitions… En 2008, il étudie un rapprochement avec le géant Rio Tinto. L’éclatement de la crise le stoppera net. ArcelorMittal est endetté à près de 30 milliards de dollars, qu’Aditya a financés à trop court terme.

En janvier 2009, les Mittal lancent une importante augmentation de capital qui leur fait perdre encore quatre points de contrôle. Un nouveau sacrifice de Lakshmi le Marwari sur l’autel d’Aditya l’apprenti… Aujourd’hui, ArcelorMittal porte encore 23 milliards de dettes et son cours de Bourse a été divisé par deux depuis trois ans.

Indien, il ne l'est que sur son passeport

L’Inde est aussi à inscrire au passif du rejeton. Car Mittal n’a d’indien que son passeport. Point de haut-fourneau dans son pays d’origine, pourtant promis à une consommation d’acier exponentielle. Des années qu’ils annoncent leur implantation à Karnataka, puis à Orissa et Jharkhand. Et puis… rien. Malay Mukherjee en donne son interprétation : "Ils n’ont pas été assez modérés. En Inde, il faut démarrer par les autorités locales, les habitants. Un accord gouvernemental ne suffit pas." Mais Malay s’est heurté à Aditya, partisan d’une entrée par le haut. Et Lakshmi a tranché. Mukherjee le fidèle est parti. "En très bons termes", dit-il. Bien qu’il se soit réfugié chez les Ruia… autres Marwaris qui font de l’acier en Inde.

Un ancien le craint : "Son admiration aveugle pour son fils pourrait le perdre." D’autant que Lakshmi, 62 ans, le promet à sa succession. Lorsqu’on lui pose la question, son large sourire se crispe : "Je resterai aux commandes aussi longtemps que le Conseil estimera que j’y suis utile." Discours corporate qui ne lui ressemble pas… D’ailleurs, vite, il ajoute : "Aditya ne serait pas un bon candidat. Il serait un candidat génial pour me succéder?!" Les Mittal ne doutent de rien. Surtout pas d’eux-mêmes.

 

Thursday, December 13, 2012

Conflits d’intérêts : Transparency International s’inquiète du silence de l’Assemblée

Statut pénal du chef de l’Etat, limitation du cumul des mandats, et modernisation de la vie publique française, le rapport Jospin remis ce 9 novembre 2012 aura fait couler de l’encre, un peu, quelques jours, et puis il s’en est allé retrouver ses prédécesseurs  :

Le rapport Jospin sur «  la rénovation et la déontologie de la vie publique  » comportait un chapitre prometteur sur la prévention des conflits d’intérêts, très peu commentée par la classe politique.

Un silence dont s’inquiète Daniel Lebègue, cet ancien haut fonctionnaire, devenu président de l’association anti-corruption Transparency International France (TIF). Dans une tribune publiée ce 27 novembre, il regrette que «  rien – ou presque – n’ait été dit sur la prévention des conflits d’intérêts. Pourtant, le rapport formule un ensemble de propositions ambitieuses.  »

Il met en avant parmi les mesures proposées  :

« La publication de déclarations d’intérêts, un renforcement des incompatibilités pour les ministres et les parlementaires et la création d’une autorité indépendante chargée du contrôle et du développement des bonnes pratiques déontologiques.  »

Après de nombreux scandales impliquant de graves conflits d’intérêts (amiante, Médiator), les organes d’évaluation sanitaire ont réalisé un effort de prévention (obligation de déclaration personnelle d’intérêts, PDF) contre ces situations nuisibles à la transparence de la décision publique. Désormais, le débat sur la déontologie de la vie publique se porte d’avantage sur l’encadrement et l’incompatibilité de certaines pratiques avec les fonctions parlementaires.

Lors d’un colloque organisé le 25 octobre 2012 à l’Assemblée et intitulé «  Moralisation : quelle contribution peut apporter le Parlement ?  », Transparency France a invité Martin Hirsch à illustrer sa position contre les conflits d’intérêts au sein du parlement. L’ancien ministre a dénoncé sans ambages les règles «  absurdes  » de l’Assemblée  :

« Un parlementaire ne peut pas être maître de conférence à l’Université mais il peut donner des consultations d’avocat à des entreprises privées, sans avoir à divulguer le nom de ses clients. »

Une dénonciation qui ravive une vieille querelle entre Martin Hirsch et Jean-François Copé, qui cumulait jusqu’en novembre 2010 ses fonctions politiques avec un statut d’avocat chez le cabinet d’affaires Gide Loyrette Nouel, représentant de compagnies françaises et internationales. Un poste qui rapportait à M. Copé 200 000 euros d’honoraires par an, selon Capital.

L’Assemblée élue en juin 2012 compte toujours 38 avocats. En terme de représentativité professionnelle, ce sont les élus issus de la fonction publique qui tiennent le haut du tableau avec une majorité de 53% à l’Assemblée nationale d’après une note [PDF] du Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof).

Depuis plus de vingt ans, la modernisation de la vie publique et le besoin de renforcement de la transparence et de la déontologie sont au cœur du débat institutionnel français. Le vide juridique entourant la définition, la prévention et la sanction des conflits d’intérêts reste une constante de l’horizon politique national. Un laisser-faire qui maintient nos institutions dans une opacité des plus archaïques et dont les conséquences peuvent parfois conduire aux pires tragédies.

Ce manque de volonté politique n’est pas sans rappeler le débat parallèle sur le non-cumul des mandats également abordé par la Commission Jospin. En France, 82% des députés et 77% des sénateurs sont en situation de cumul. Une situation sans commune mesure en Europe où les cumulards représentent 3% au Royaume-Uni, 7% en Italie, 20% en Espagne, 24% en Allemagne d’après l’Ifrap. Dans une tribune publiée le 14 novembre 2012 sur Médiapart, trois députées PS estimaient que

« la représentation nationale n’est peut-être pas, étant juge et partie, la mieux à même de se prononcer sur une réforme la concernant ».

Pour Daniel Lebègue de Transparency International, il ne fait aucun doute que si les propositions du rapport Jospin venaient à être adoptées, en particulier celle sur la prévention des conflits d’intérêts, «  nous ferions, comme l’ont fait d’autres grandes démocraties, un pas de géant sur le chemin de la moralisation de la vie publique.  »

Il appelle de ses vœux à «  vaincre les résistances au changement  » pour mettre en place une réforme «  urgente  » afin de «  répondre à la crise de confiance des Français » et mettre un terme aux conflits d’intérêts les plus graves.