Saturday, December 8, 2012

Des Mac « made in USA » : Apple s’achète une conduite

Apple revient créer des jobs dans son pays natal. Le PDG Tim Cook a annoncé le rapatriement d’une partie de la production aux Etats-Unis dès l’année prochaine. Un investissement de 100 millions de dollars (un peu plus de 77 millions d’euros) pour produire un des modèles Mac, déjà existant, sur le sol de la mère patrie.

Depuis la fin des années 90, la majorité des produits Apple est fabriquée en Asie. Il y a environ deux ans, le président Obama demandait à Steve Jobs ce qu’il faudrait pour une relocalisation de la production des iPhone en Amérique. « Ces jobs ne reviendront pas », s’était-il vu répondre.

Jeudi, le journaliste de Bloomberg BusinessWeek, Brian Williams, a posé à son tour la question. Réponse du nouveau patron :

« Ce n’est pas tant une question de prix, c’est une question de compétence. »

Compétence peut-être, mais une compétence très bon marché. En janvier, The Economist révélait que la main-d’œuvre chinoise ne représentait que 2% du prix de revient de l’iPad. Un coût infime qui permettait à Apple de rafler 30% des profits.

Sous la pression d’une enquête du New York Times qui dénonçait les conditions de travail dans ses usines, la compagnie sous-traitante d’Apple, Foxconn – qui sous-traite également pour HP, Amazon, Sony, Microsoft et embauche des dizaines de milliers d’ouvriers à travers l’Asie –, avait tout de même annoncé à ses employés une augmentation de 25% des salaires. C’est donc 300 euros par mois que touchent désormais les ouvriers chinois du géant américain.

Mais « ce n’est pas une question de prix », assure Tim Cook.

Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’éthique d’Apple a été sérieusement remise en question. Travail d’enfants de 14 à 16 ans, conditions difficiles, empoisonnement aux produits toxiques, vague de suicides, rixe géante… Si les produits restent populaires, l’image de marque est en déclin. Et pour ces pros du marketing, l’image est reine.

Les investisseurs ont accueilli le nouveau patriotisme d’Apple avec inquiétude, en lui infligeant sa pire dégringolade en Bourse depuis quatre ans. Mais les acheteurs, et l’Amérique en crise, pourraient accueillir le « made in USA » avec enthousiasme... et continuer à acheter chaque nouveauté « made in China », la conscience libre.