Thursday, December 13, 2012

Bataille de l'UMP : le groupe Fillon refuse l'ultimatum de Copé

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La 11e journée de bataille à l'UMP continuait d'apporter, mercredi 28 novembre, son lot de rebondissements. Jean-François Copé a en effet affirmé sur Europe 1 que "les conditions" pour l'organisation d'un référendum interne à son parti, n'étaient "pas réunies", après la publication, ce mercredi matin, au JO, de la déclaration du groupe Rassemblement-UMP de François Fillon. "La ligne rouge a été franchie, j'en tire les conséquences". "Désormais, je ne vais plus être que le premier opposant à François Hollande" et "je le dirai tout à l'heure au bureau politique" de l'UMP, a également affirmé Jean-François Copé, en regrettant "le spectacle lamentable qu'on offre aux Français".

Le maire de Meaux avait proposé mardi à François Fillon, qui lui dispute la présidence de l'UMP, l'organisation d'un référendum interne pour demander aux militants s'ils voulaient revoter pour élire leur proposition. En échange, il lui avait demandé de renoncer à créer un groupe dissident à l'Assemblée.

En milieu de journée, François Fillon a tenté de tempérer promettant que dès accord sur "les modalités d'un nouveau vote" à l'UMP, le groupe qu'il a constitué à l'Assemblée réintégrerait le groupe UMP originel et que serait mis fin "aux procédures judiciaires en cours". Sans pour autant prononcer le mot de référendum.

Sarkozy "atterré"

Les deux prétendants à la tête de l'UMP s'étaient rencontrés mardi à la demande de l'ancien président Nicolas Sarkozy, "déterminé", selon son entourage, à "préserver l'unité de sa famille politique". Une désillusion pour l'ancien président, "atterré" par "le spectacle de divisions et de désordre", selon Brice Hortefeux.

Henri Guaino, député UMP et pro-Copé, a qualifié sur i>TELE de "faute morale" la publication au JO de la déclaration du R-UMP de François Fillon.

Egalement député UMP mais pro-Fillon, Christian Estrosi a affirmé, lui, sur Europe 1: "nous restons sur la même position, que les militants puissent de nouveau voter". Le nouveau groupe de François Fillon, a-t-il dit par ailleurs, "nous permet de nouveau de faire de la politique".

Copé et 50 députés réclament le retrait du groupe dissident

Jean-François Copé a demandé ce mercredi à son rival François Fillon de retirer son groupe dissident à l'Assemblée nationale, le R-UMP, mercredi avant 15H00, se basant sur une demande en ce sens de 50 députés dont Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire.

"J'ai observé que Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet comme d'ailleurs beaucoup de nos amis (...) demandent à François Fillon avant 15H00 de retirer son groupe dissident, je pense que c'est la sagesse", a déclaré le président contesté de l'UMP lors d'un point presse au siège du parti.

Les 50 députés signataires de cet appel affirment "vouloir défendre l'unité de notre groupe et de notre famille politique". "Nous avons un seul objectif: remplir notre rôle d'opposant au gouvernement socialiste et bâtir un projet pour les Français", disent-ils.

Le groupe Fillon "ne cède pas aux ultimatums"

Jérôme Chartier (pro-Fillon) a affirmé par la suite que le groupe de députés fillonistes R-UMP "existera tant qu'il n'y aura pas les conditions d'un revote" militant pour la présidence de l'UMP, rejetant ainsi l'ultimatum fixé par Jean-François Copé pour sa dissolution.

Le député s'exprimait à l'issue d'une réunion du groupe R-UMP, au cours de laquelle, selon un participant, François Fillon a rejeté l'ultimatum de son rival : "On ne cède pas aux ultimatums chronométrés de qui que ce soit", a dit l'ex-Premier ministre.

Le groupe UMP au Sénat réclame un nouveau vote des militants

Le groupe UMP au Sénat, à majorité filloniste, a de son côté demandé "à l'unanimité que de nouvelles élections soient organisées" pour la présidence du parti, un certain nombre de sénateurs copéistes préférant s'abstenir, a-t-on appris auprès du sénateur Gérard Longuet.

Les sénateurs UMP ont tenu dans la matinée une réunion qui a regroupé 70 personnes, à laquelle était présente François Fillon.

Jacob propose une commission paritaire avant un référendum

Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, proche de Jean-François Copé, s'est prononcé pour la mise en place "sans délai" d'une commission "indépendante", composée à parité de pro-Copé et de pro-Fillon pour organiser un référendum interne au mouvement.

"Je pense qu'il faut sans délai mettre en place une commission paritaire indépendante en charge de l'organisation du référendum que nous appelons de nos voeux. Simultanément, il est indispensable que chacune et chacun d'entre vous se retrouvent dans un groupe UMP uni et rassemblé", a écrit Christian Jacob aux députés UMP.

Les pro-Fillon restent rattachés financièrement à l'UMP

Malgré l'âpre passe d'armes entre les sympathisants de François Fillon et ceux de Jean-François Copé, les députés pro-Fillon ont décidé à l'unanimité de rester rattachés financièrement à l'UMP, a indiqué l'un de leur porte-parole Jérôme Chartier.

"Nous sommes tous membres de l'UMP aujourd'hui, nous sommes tous membres de l'UMP demain. Ceci n'a jamais été mis en question", a-t-il certifié.

La veille, un député filloniste, Lionel Tardy, avait assuré que les députés R-UMP voulaient geler la part de financement public qu'ils rapportent chacun chaque année à l'UMP, jusqu'à l'organisation d'un nouveau vote. D'après lui, cela concernait 69 députés pour une somme de 37.000 euros par an et par député.

Début de révolte de la base

Six fédérations UMP départementales de l'est de la France vont consulter leurs adhérents sur une motion appelant à "l'union", a annoncé Damien Meslot, député du Territoire de Belfort, pour qui il s'agit de "la révolte de la base contre la guerre des chefs". "C'est la base qui est en train de se révolter contre la guerre des chefs, ni plus, ni moins", a déclaré Damien Meslot.

La motion commune qui sera proposée "est partie à la suite de l'appel de Xavier Bertrand pour un comité des sages" à la mi-journée, a expliqué Damien Meslot, "elle s'est étendue à trois des quatre fédérations de Franche-Comté et à trois autres fédérations", soit "environ 15.000 militants".

Ce texte demande "la création d'une commission des sages conformément à l'article 36 des statuts de l'UMP", que cette commission "organise une nouvelle élection" et que le groupe dissident Rassemblement-UMP "se rallie au groupe UMP" à l'Assemblée nationale.

"On a l'impression qu'il y a 30 excités à Paris, devenus complètement fous, alors que les 330.000 militants de l'UMP souhaitent que l'on sorte de cette situation", a poursuivi Damien Meslot. "On ne veut entendre parler ni de Copé ni de Fillon mais d'une UMP unie !", a-t-il conclu.

(Avec AFP)

Retrouvez le récit de la journée de mardi.